Théologie, littérature et philosophie

Faire de la théologie, c’est faire de la littérature, de la philosophie ou de l’histoire. La théologie introduit à l’ensemble des disciplines au sens où elle essaie de saisir l’acte d’intelligence dans son unité, avant la distinction formelle entre les disciplines. Plus je suis théologien, meilleur philosophe ou historien je deviendrai, puisqu’il n’y a pas, en premier lieu, de scission entre ces disciplines. En ce sens, l’approche théologique est éclairante pour le travail en littérature ou en sciences humaines.
L’itinéraire théologique proposé aux étudiants d’hypokhâgne se présente donc comme étant entièrement homogène à des études littéraires. Il ne s’agit pas simplement d’offrir une ouverture culturelle (qui n’est pourtant pas négligeable), mais d’entrer dans une démarche ou la théologie est nécessairement intégrée aux études : elle introduit à l’ensemble des disciplines.
Le parcours théologique proposé n’est pas, en soi, un cours de théologie qui risquerait d’être extérieur aux études. Il s’agit de partir des œuvres, de questions philosophiques ou historiques et de montrer, à partir d’elles, comment et en quels termes la question de Dieu se pose. Puis la réflexion amènera à comprendre de quelle manière cette question s’articule à la Révélation chrétienne. Il s’agit donc d’approfondir, par le regard de la théologie, ce qui est reçu dans les autres cours et donc de réinitialiser le dialogue entre la foi et la raison.
Les études des sciences humaines permettent d’approfondir les questions théologiques et réciproquement, la théologie permet d’approfondir la littérature, l’histoire ou la philosophie.
Quelques exemples :
- Barbey d’Aurevilly, Les Diaboliques : une liberté humaine ne s’éveille-t-elle que parce qu’elle est mise dans une situation de tragédie ?
- Saint Augustin, Les Confessions : la question du temps et du commencement,
- Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal : l’origine divine de la beauté,
- Charles Péguy, Le Porche du Mystère de la deuxième vertu : qu’est-ce que l’espérance ?
- Saint-John Perse, Exil : la célébration du monde et la sollicitude pour le réel,
- Georges Bernarnos, Dialogue des Carmélites : sur la complexité du choix spirituel,
- Proust, Un amour de Swann : le transgressif comme lieu d’une expérience de soi,
- Beckett, Fin de partie : la recherche du sens de l’existence.
Rédigé par Eric Barbier