Spécialité histoire et théorie des arts

Parce que l’histoire des arts est une discipline située au carrefour de l’histoire, de la littérature, de la philosophie et de l’ensemble des sciences humaines, la pratique de cette discipline constitue un enrichissement pour l’ensemble des autres matières pratiquées en hypokhâgne.
Le choix d’un enseignement de spécialité correspond, en khâgne, à la préparation d’une épreuve du concours de l’ENS (coefficient 2). Contrairement aux autres spécialités, l’histoire des arts est proposée dès l’année d’hypokhâgne, 4 heures par semaine (le volume horaire sera réduit d’autant en khâgne avec 4 heures également). Mais les étudiants peuvent très bien ne pas poursuivre cette spécialité en khâgne si leur goût et leur compétence les amène à un autre choix.
L’enseignement se répartit entre cours magistraux, travaux dirigés en musée et travaux préparés par les étudiants. L’historien de l’art réfléchit toujours de ce qu’il voit. On ne saurait parler de ce que l’on n’a pas d’abord observé attentivement. Les TD en musée ont donc pour premier objectif d’apprendre à regarder une œuvre d’art. Mais cette observation peut se faire à partir de points de vues différents. C’est la raison pour laquelle il convient de faire le détour par les théories des arts qui sont comme des outils à partir desquels nous pouvons aborder les œuvres (théorie formaliste, iconologiques, sociologique, linguistique, marxiste, psychanalytique, sémiologique, …).
Le programme s’articule en deux grands ensembles comprenant chacun deux modules.
Composante historique et socio-économique
Module 1 – Histoire et théorie des arts
Approche de l’histoire des grandes formes artistiques et des théories sur l’art à partir de deux entrées :
- Le passage du monde médiéval au monde de la Renaissance,
- Les ruptures et continuités dans les arts à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle.
Module 2 – Structures de création, de conservation, de diffusion
- Création et marché de l’art, mécénat et commande publique : études de cas,
- Les institutions patrimoniales et artistiques : origine, typologie et fonction.
Composante méthodologique et exercices pratiques
Techniques, notions et vocabulaire des grands domaines artistiques
- L’architecture : aperçus des techniques de base, typologie des édifices, de l’édifice au fait urbain,
- La peinture : les supports matériels, les grands genres, iconographie et iconologie,
- La sculpture : matériaux, typologie, nature de la présence et de l’intégration dans l’espace.
Le programme de khâgne est celui du concours de l’ENS : soit deux notions qui se renouvellent par moitié chaque année.
2020 : Les érotismes dans l’art du Moyen-Age à nos jours,
2019 : La photographie au XIXe siècle,
2018 : Art et mémoire,
2017 : Représenter la douleur du Moyen-Age à nos jours,
2016 : L’art abstrait,
2015 : La couleur dans l’art du Moyen-Age à nos jours,
2014 : Les romantismes européens,
2013 : L’art du portrait du Moyen-Age à nos jours,
2012 : Picasso.
L’écrit d’admissibilité de l’ENS prend la forme d’une dissertation de 6 heures. L’oral d’admission comporte deux sujets permettant d’évaluer la capacité du candidat à évaluer les œuvres.
2019 : Peinture et photographie : émulation, rivalité au XIXe siècle,
2018 : Vainqueurs et vaincus : la fabrique de leur mémoire par les arts,
2017 : Le corps humain est-il le seul motif pouvant incarner la douleur en art ?
2016 : La douleur constitue-t-elle une limite à la représentation ?
2015 : L’art abstrait est-il un art du décor ?
2014 : Le fini et l’infini dans les romantismes européens,
2013 : Les rapports entre réalisme et idéalisme mis en œuvre dans l’art du portrait du Moyen-Age à nos jours,
2012 : Usages de l’autoportrait du Moyen-Age à nos jours.
Chaque année les étudiants assistent à trois opéras et deux ballets à l’Opéra de Paris ou à l’Opéra-comique. Chacun de ces spectacles est préparé en cours.
Quel en est l’enjeu ?
Ce parcours répond à la seconde partie du programme de l’option : passage du XIXe au XXe et naissance de l’art moderne pour deux raisons :
- L’opéra, au XIXe nous donne un formidable reflet de la société : il est le genre emblématique de la classe montante, cette bourgeoisie qui conçoit la salle d’opéra comme un lieu de parade et un miroir de son enrichissement. De nombreux compositeurs produisent à tour de bras des ouvrages alors fêtés, mais dont la plupart sont tombés au plus profond des oubliettes de l’histoire.
- Opéra, musique et peinture interagissent en permanence tout au long du XIXe et surtout au XXe siècle. Un lien important associe l’opéra romantique et la peinture d’histoire. Cette dernière, dans sa composition, s’inspire directement des représentations scéniques du théâtre et de l’opéra. Toutes deux mettent le spectaculaire au premier plan. La musique jouera également un rôle très important au niveau de la naissance de l’art moderne. L’art abstrait et la musique atonale naissent concomitamment chez deux amis : Schoenberg et Kandinsky .
L’opéra, « art total », est un genre dans lequel se croisent musique (musique orchestrale et chant lyrique), littérature ou poésie (livret), théâtre (jeu de l’acteur, scénographie) et arts visuels (volumes, objets, couleurs, lumières, textures).
En mêlant les propriétés, parfois antagonistes de la musique, de la poésie dramatique et des arts visuels, il trouve cette capacité originale d’évoquer un sentiment qui peut contredire le discours du héros. Il permet de surexposer une parole. L’orchestre, la voix, les effets visuels mêlés donnent une ampleur et une expressivité décuplée aux mots. L’opéra se présente comme la chambre d’écho offerte à nos sentiments intimes, à nos pulsions les plus enfouies. L’histoire de l’opéra, depuis le XVIIe siècle, peut être comprise comme une recherche de légitimité à cette union fascinante et problématique du mot, de la musique, du geste et des arts visuels.
L’historien de l’art travaille à partir de l’observation précise des œuvres, mais il appuie également sa réflexion sur tout type de source documentaire. L’historien de l’art ne doit donc en aucun cas se limiter aux seules œuvres : pour comprendre et interpréter les œuvres il doit aussi comprendre le contexte historique, socio-économique et philosophique de la création. Il s’interroge également sur les conditions de transmission et de réception des œuvres à travers les siècles.Outre les cours magistraux, les TD en musée et les travaux présentés par les étudiants, la spécialité histoire des arts permet la rencontre avec des praticiens, des conservateurs ou des chercheurs.
La dissertation est l’exercice principal travaillé tout au long des deux années. Elle est associée au commentaire d’œuvre, exercice d’analyse formelle d’une œuvre d’art.
Le choix d’une spécialité en khâgne ne détermine pas la poursuite d’étude : toutes les possibilités offertes par la Banque d’Épreuves littéraires sont ouvertes à tous les étudiants quelle que soit leur spécialité.
Plusieurs possibilités sont offertes aux étudiants qui souhaitent poursuivre dans le monde des arts :
- L’École du Louvre (à la fin de l’hypokhâgne, pour reprendre en L1 ou après la khâgne, pour poursuivre en L3).
Les étudiants de l’École du Louvre préparent ensuite l’Institut National du Patrimoine qui forme les futurs conservateurs. L’École du Louvre offre également des doubles diplômes avec l’ESSEC ou, en droit, avec l’Université de Sceaux, - Les Écoles de management qui proposent des Masters de management culturel,
- Les IEP offrant également des Masters qui permettront de travailler au sein d’institutions publiques (DRAC, …),
- Dauphine et son prestigieux Master de management des organisations culturelles,
- Le Master Affaires publiques à Sciences po offre également une mention « culture »,
- Enfin, il est possible de poursuivre à l’Université dans les UFR d’histoire de l’art.
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Rédigé par Eric Barbier